Dettes et Inflation
La dette de la France est 100% du PIB en 2019, passé à 120% en 2022 et elle continue d' augmenter… si vous prenez du recul....l'État va taxer davantage les revenus financiers et moins les revenus du travail pour un rééquilibrage d' une part et de compenser sa mauvaise gestion ....
Se poser la question pourquoi l'État un état n'a jamais eu autant d argent de tous les temps et un système aussi en déperdition....l'état n est pas un investisseur mais souhaite utiliser le fruit des investisseurs en tout genre....il est important de bien prendre en compte une fiscalité moins avantageuse en nom propre...
Le ratio dette / PIB n'a pas grand sens. C'est devenu commun car ça permet de développer l'idée : il faut x temps de création de richesses pour rembourser la dette mais c'est faux. Si malgré tout, on reste sur cette idée, l'état est endetté à hauteur d'environ un an de création de richesse actuellement. L'état est donc moins endetté que nous… De même, les principes de levier de la dette s'appliquent aussi à l'État tout comme pour nous. Pourquoi l'État n'a jamais eu autant d'argent ? Parce qu'on veut bien lui prêter et qu'on lui fait confiance. N'y a-t-il pas d'argent qui apparaît soudainement.
Je vais prendre point par point mais en vrac.
La création monétaire
(ancienne planche à billet) ne génère pas d'inflation directe.
Pour tes 10 milliards, ni l'un, ni l'autre.
Si le budget n'est pas suffisant, l'état va emprunter mais la somme est ridicule au regard du total du budget.
Les principaux états se sont retirés le privilège de la planche à billet
(car ils finissaient toujours par en abuser ) et la création monétaire est gérée par les banques centrales. L'état émet des titres qu'il vend aux banques centrales notamment. Mais c'est loin d'être la seule source de financement. Par exemple, les collectivités locales prêtent à l'état mais elles peuvent aussi emprunter en parallèle (Au passage, l'état a beaucoup emprunté à taux négatifs mais alors, pourquoi ne pas le faire ?) et bien sûr le premier financier est le secteur privé. (Nos assureurs notamment)
Dans tous les cas, l'objectif n'est pas de dévaluer ou de créer de l'inflation.
Tout comme toi qui n'aime pas ça, l'état non plus car tous ses coûts augmentent aussi. Le but est de boucler le budget. La doctrine actuelle a une sainte horreur de l'inflation. Le traumatisme des années 30 fait encore trembler la planète (d'où la hausse des taux pour revenir à 2% d'inflation « quoiqu'il en coûte ») S'il y a bien quelque chose que personne ne souhaite pour « la taxation indirecte des contribuables », c'est ça. Le maintien d'une inflation à 2% max est même dans les statuts de la BCE, c'est sa mission première. Il y a quelques années, le Japon peinait à déclencher une inflation chez lui… D'ailleurs, l'inflation fait mécaniquement diminuer la dette.
Concernant l'inflation,
Si la création avait l'impact qu'on veut bien lui prêter, pourquoi n'y a-t-il pas eu d'inflation incontrôlée entre 2008 et 2020 ? Il y a même eu quelques courtes périodes de déflation nette à cause des taux proches de 0. Un autre exemple : chaque jour, de nombreuses personnes font de petits emprunts type crédit conso, crédit voiture, crédit revolving… dont une part non négligeable n'est jamais remboursée (d'où les taux élevés). Ça n'a l'air de rien mais bout à bout, ça pèse un paquet de milliards qui ne repartent pas en banque et qui ne sont donc pas détruits. Cet argent circule dans l'économie, s'ajoute à la quantité totale nette de pognon en circulation, génère du PIB mais une part infime d'inflation.
Sur la mesure du ratio,
d'un côté un flux, le PIB, de l'autre un stock, la dette. Déjà, c'est un peu bancal. Le vrai mérite de l'indicateur est d'être simple à comprendre et de pouvoir servir de base de comparaison entre les pays. Malgré tout, chaque institution nationale ou internationale a une façon différente de comptabiliser la dette et les différences sont énormes (dette française entre 2200 et 2800 milliards par exemple). De même, le PIB ne tient pas compte de certaines activités difficilement mesurable comme la prostitution qui est estimée entre 0.5 et 1% de PIB. Même problème avec le travail au noir, on integre une estimation qui est a priori beaucoup trop basse. On peut aussi ajouter l'évasion fiscale ou la corruption. (Au total, le PIB pourrait être de 6 à 10% plus élevé). Enfin, l'impôt est intégré dans le PIB. Si on considère une économie figée et que l'on supprime un impôt, le ratio dette/PIB augmente. Donc la dette a augmenté ? Ce ne sont que quelques critiques mais de nombreux économistes, politiques, philosophes réclament un changement de la mesure. Jancovici explique très bien cela (même si j'ai du mal à comprendre pourquoi il est plébiscité pour le reste).
La dette ne tient pas compte du hors bilan.
Premier poste : les retraites futures dues qui devraient être provisionnées mais on ne le fait pas. Si on ajoute ces montants, on arrive à un ratio autour de 500% (chiffres de tête mais on n'est pas loin). On entend régulièrement qu'au-delà d'un certain niveau (lequel ?), la dette sera insoutenable pourtant, ça n'a pas l'air de vraiment poser problème.
L'état est un agent économique comme un autre.
Lorsque nous empruntons, nous garantissons le prêt avec, par exemple, une hypothèque. Donc à l'actif du bilan de l'État, on peut mettre son patrimoine total et le bilan devient alors excédentaire. Ce qui veut dire que dans un cas extrême de besoin de remboursement immédiat et en considérant que tous les actifs sont liquides, l'État gagnerait de l'argent. L'excédent net est de l'ordre de 10% du PIB. Juste en se basant sur ça, il y a encore beaucoup de place pour l'endettement.
Dans l'hypothèse d'un régime autoritaire de collectivisation de la propriété,
On pourra mettre à l'actif du bien, l'ensemble du patrimoine des résidents. 15 000 milliards soit 6/7 ans de PIB. On est large.
Voilà pourquoi on nous prête et on nous prêtera encore.
Mais plus intéressant : lorsque nous faisons un emprunt, la banque évalue notre durée de vie moyenne et notre capacité à rembourser dans le temps imparti en mesurant le risque de défaut. L'État est immortel. Il n'a pas vocation à rembourser. En l'occurrence, les titres ont une durée de vie comprise entre 3 ans et 50 ans. Certains titres ne seront remboursés que dans un demi siècle et 1 euro aujourd'hui vaut plus qu'un euro demain. Le coût réel de ces titres au moment du remboursement sera incroyablement plus faible…. Et ces titres seront remplacés immédiatement par de nouveaux titres. Les prêteurs eux-mêmes ne veulent pas être remboursés. Ils veulent une rente fixe. A une époque, on a même créé des titres de rente perpétuelle. Le citoyen lambda pouvait acheter le titre et recevait un pourcentage d'intérêt chaque année jusqu'à la fin des temps. Le titre pouvant être hérité, donné, volé… En moyenne, actuellement, la durée de vie d'un titre est de 7/8 ans (il n'y a donc pas de report sur « les générations futures » comme on l'entend fréquemment) avec un taux moyen d'emprunt sous les 0.5%. Ce qui veut dire qu'un remboursement total sera « ponctionné » sur le PIB actuel et les PIB futurs (donc le ratio…)
Enfin, si malgré tout,
le ciel venait à nous tomber sur la tête, l'état aura toujours la possibilité de se déclarer en faillite et de faire défaut (ce risque n'est même pas spécifiquement considéré par le trésor… ça en dit long). Bien sûr, ce serait catastrophique, les agences de notation ne nous rateraient pas, et nous emprunterions à des taux beaucoup plus élevés. Mais on nous prêtait quand même. Puis, à travers l'histoire, des états qui ont fait défaut… c'est monnaie courante. Les prêteurs sont conscients du risque (et s'en fichent pas mal d'ailleurs). En France la dernière fois, c'était pendant la révolution et de là est né l'impôt sur « les portes et les fenêtres ». Mais au sortir de la guerre, une partie de la dette a été effacée, on a tout simplement demandé aux créanciers d'abandonner leurs créances, c'est plus efficace que de limiter les dépenses et de rembourser 1% par an. De là est partie le renouveau de la RFA. Encore plus récemment, il y a quelques années, l'Islande a répudié une partie de sa dette la considérant illégitime. Et qu'en est-il désormais ? L'Islande a-t-elle des problèmes pour emprunter ?
La création monétaire est la dernière des causes de l'inflation actuelle
(est-il donc pertinent d'appuyer sur les taux ?) et la présidente de la BCE déclare « qu'elle est apparue de nulle part »…
Bien sûr que l'État va taxer les revenus financiers,
la « classe moyenne » ne fait que grandir et on imagine mal comment en rajouter sur les revenus du travail. Attention toutefois, économiquement, une diminution des dépenses fonctionne mieux sur la croissance qu'une augmentation des impôts. Le système n'est pas en perdition. Pour évaluer si la dette devient vraiment un problème, on utilise le taux des obligations rapporté à la croissance espérée. Pour certains pays bien moins endettés que nous, les taux obligataires sont bien trop élevés par rapport à la croissance attendue. On considère que leur dette devient insoutenable (Brésil par exemple). L'état est clairement un investisseur, le budget part en consommation directe (à travers les aides par exemple) et en création d'infrastructures qui, pour certaines, lui rapportent. Raison de plus pour emprunter. (Même si l'utilisation exacte des emprunts fait débat).
On entend beaucoup trop parler de la dette
y compris par des personnes qui prennent un job avec 0 connaissances en économie (Coucou Bruno) et on nous agite l'épouvantail au besoin. Ça fait peur et ça marche. Mais c'est clairement un faux problème. Le seul vrai problème est le poids des intérêts de la dette sur le budget sachant qu'une partie de ces intérêts sont indexés sur… l'inflation. Mais comme vu, ça peut se régler « facilement ».
Et enfin,
j'ai toujours trouvé très ironique qu'on soit catastrophé par l'endettement de l'État alors que nous, ici, nous ne souhaitons qu'augmenter le nôtre, les investisseurs.
Merci pour la contribution Jérôme B.